Depuis 1936, chacun.e peut bénéficier une fois par an d’un billet populaire de congés annuels, appelé aussi le billet Léo Lagrange. Il a été créé le 30 juillet 1936 par Léo Lagrange suite à la loi sur les premiers congés payés. Grâce à la mobilisation des auberges de jeunesse, à l’accès au camping de plein air et à des tarifs hôteliers négociés, ce billet permettra dès le premier août 1936 des départs en voyage. Entre le 31 juillet et le 1er août 1936, 59.000 personnes se pressent Gare Montparnasse.
L’objectif de Léo Lagrange est de recréer le sens de la joie et celui de la dignité, de mettre à la disposition des masses toutes les espèces de loisirs pour que chacun choisisse et d’ouvrir toutes les routes afin que chacun puisse participer au jeu libre et équitable de la démocratie.
En 1936, ce sont 600 000 billets Lagrange qui sont vendus et 1,7 million en 1937! Cette masse de « salopards en maillots de bain » est déjà mal vue des aristocrates et bourgeois, jusque là seuls habitués des stations balnéaires.
Le partage des paysages et des loisirs est déjà conflictuel. « Quelle horreur ! je viens de me retrouver nez à nez avec l’homme qui nous livre le charbon ! » s’exclame une élégante baigneuse dans une caricature du dessinateur Picq de 1936. Et ce alors que seulement 5% des ouvriers vont voyager cet été-là, souvent à proximité.
Malgré cette « nouvelle atrocité du Front Populaire« , la plupart des ouvriers parisiens et franciliens se contentent des bords de la Seine et de ceux de la Marne pour s’offrir des moments de répit. En 2019, ce sont 40% des francais.es qui ne voyagent pas durant leurs congés. Depuis 1936, les classes sociales peu aisées voyagent peu, à proximité et chez des proches. La staycation, ou voyage à proximité, vantée en pleine épidémie du covid-19, est leur quotidien. Le départ en voyage, durable ou pas, reste un luxe.
Le tourisme social avec l’aide de l’État a inversé cette tendance jusqu’aux années 80. Depuis, la situation n’évolue plus, voir régresse. Les annonces pour un tourisme durable, contre le tourisme de masse, comme celle de la ville de Venise de faire payer l’entrée pour lutter contre les mordi fuggi, semblent peu se soucier des vacances pour tous.
Espérons que pour l’année européenne du rail la SNCF va simplifier l’acquisition de ce billet populaire de congés annuel, bas carbone, social et source de découverte, délassement et développement pour reprendre les mots de Joffre Dumazedier, auteur de « vers une société du loisirs » en 1972 et cofondateur de Peuple et Culture. Aujourd’hui la SNCF propose une réduction de 25 % pour un voyage aller-retour d’au moins 200 km et de 50 % si le billet est payé en chèques vacances.
Face à la pandémie et aux crises écologiques, sociales et économiques qui ont devant nous, avec nos passeurs de voyage, nos sociétaires, partenaires et ami.e.s. dont la Fédération Unie des Auberges de jeunesse, l’agence coopérative de tourisme social Ekitour et Vacances Léo Lagrange ainsi que la vingtaine d’agences de voyage en Europe qui ont co signé nos propositions européennes, nous vous donnons rendez vous dès 2021, année européenne du Rail, pour faire front populaire ensemble.
Cet article est un très bon rappel historique.
Meilleurs voeux pour 2021.
Diffusion sur Radio Pays d’Hérault : jeudi 4 février 2021 à 10h
Documentaire par Antenne d’Oc (Le Boulvé – Lot) – 1 épisode de 50min
Le réseau ferroviaire du Lot était très dense au siècle dernier, de nombreux lotois se souviennent avoir emprunté les lignes aujourd’hui fermées, ils racontent. Parmi les lignes fermées certaines ont été démantelées, d’autres servent à un train touristique ou font l’objet de polémiques sur leur avenir (réhabilitation ou voies vertes ?!). Entre nostalgie et mémoire, sur fond de percussions (créations) et de sons ferroviaires, l’émission nous promène entre un Lot d’hier et celui de demain.
en partenariat avec Antenne d’Oc Figeac et Décibel FM
Merci pour ce beau récit! Il aurait toute sa place dans les récits des Oiseaux de passage.