Les utilisateurs ordinaires du web peuvent estimer que les plateformes collaboratives qu’ils utilisent tous les jours leur sont destinées et qu’elles agissent dans leur intérêt. C’est loin d’être le cas. Elles dépendent essentiellement d’investisseurs qui cherchent avant tout un retour sur investissement. Malgré les communications fréquentes qu’elles portent sur le partage et la démocratisation, leur modèle d’affaires repose sur le précariat et la disruption des modèles établis : remise en question du contrat de travail, du droit au chômage, du droit à la retraite, du droit à la propriété de ses données personnelles, du droit à un revenu minimum, …
C’est notamment sur ces constats qu’est né, fin 2015 aux États-Unis, le mouvement international des plateformes coopératives dans lequel s’inscrit notre coopérative d’intérêt collectif Les oiseaux de passage : la réappropriation sous forme coopérative des plateformes collaboratives par celles et ceux qui les font vivre.
Les plateformes coopératives ne sont pas une solution miracle pour la société. Mais elles sont un véhicule pour que les personnes qui ont des vues similaires puissent s’organiser et lutter pour les droits fondamentaux des travailleurs (Trebor Schulz, co fondateur du mouvement).
La recherche « Sharevolution » publiée par la Fing et Ouishare souligne à juste titre que pour répondre à la demande des investisseurs de créer rapidement de la valeur économique, la réflexion sur le partage de la valeur et la conservation d’une véritable expérience collaborative est de fait rapidement occultée.
Le blog InternetActu sur le Monde.fr fait état de la poursuite de ces débats aux États-Unis : l’économie du partage se révèle être surtout une économie de la prédation. Les informations et les capacités de traitement de ces plateformes leur permettent de se placer au-dessus des lois, voir de tenter délibérément de les contourner jusqu’à refuser de manière « invisible » de servir quelqu’un (des fonctionnaires gouvernementaux comme des catégories d’usagers). Les plateformes disposent d’un contrôle sans précédent sur tous les aspects de leurs marchés et des expériences qu’elles proposent.
Fin 2015, Neal Gorenflo, cofondateur de Shareable, énonçait déjà les défis légaux, financiers et organisationnels fondamentaux qu’il allait falloir relever pour développer des plateformes coopératives qui aient les mêmes fonctionnalités que les meilleurs sites web du commerce en ligne tout en étant respectueuses des droits humains.
Après deux années de recherche et développement, nous ne pouvons que confirmer son constat : la rareté des incubateurs et de fonds d’investissement pour accompagner l’émergence de modèles coopératifs, la nécessité et la complexité de réunir un écosystème pluriel, la place jusque-là quasi inexistante des communautés d’usagers dans la conception et la gouvernance des plateformes, le manque de modèles économiques basés sur la distribution de la richesse et non sa captation.
Conscient de ces défis, nous avons relevé celui de développer une plateforme coopérative d’offres d’hospitalité dans le secteur hyper concurrentiel du tourisme où sont positionnés des géants de l’économie collaborative comme Booking, AirBnB ou Tripadvisor.
Les oiseaux de passage concourent à repenser les modèles actuels de l’économie collaborative. Pour relever ce défi majeur, nous faisons aujourd’hui appel à votre mobilisation et votre soutien afin de contribuer à la concrétisation de ce projet : nous proposons à chacun de se pré-abonner, d’investir ou de faire un don pour notre future plateforme.
Parce que le modèle coopératif participe à une répartition des richesses en lien avec la réalité productive.
Parce que nous estimons que la démocratie inhérente au fonctionnement coopératif apporte une réelle plus-value au projet par l’ouverture d’espaces de concertation stratégique.
Parce que nous estimons qu’une plateforme collaborative doit être la propriété de celles et ceux qu’ils l’utilisent (producteurs et usagers de l’offre).
Parce que le fait de construire son outil permet la prise en compte d’adaptation ou de développement répondant spécifiquement à des besoins identifiés par les usagers.
Parce que la mutualisation permet d’élargir les capacités d’investissement et de lever des freins techniques et financiers.
Parce que nous souhaitons nous associer avec des investisseurs qui partagent notre projet coopératif.
Parce que nous estimons qu’une société coopérative, impliquant des femmes, des hommes, des organisations, des sociétés est aussi un projet politique de défense des droits humains.
Parce que nous travaillons à la construction d’un outil pertinent, performant qui revendique une place centrale pour l’échange et le partage.
Parce que vous serez agréablement surpris par la poésie, la richesse des propositions, la ligne éditoriale des Oiseaux de passage, et que nous vous faisons la promesse d’un voyage dès l’arrivée sur le site.
C’est la concrétisation et la réussite du projet qui est en jeu tout comme celui de bien d’autres qui s’appuient sur les mêmes principes fondateurs, et c’est la volonté de construire une société qui soit d’humain à humains. Pour participer : http://lesoiseauxdepassage.coop/participer/
- En savoir plus sur les plateformes coopératives : Platform Cooperativism Consortium et sur le Monde.fr : Vers des plateformes réellement coopératives.
- Lire la présentation du rapport de la FING et Ouishare : l’enjeu du financement et de la gouvernance
- Lire le document de Neal Gorenflo : How Platform Coops Can Beat Death Stars Like Uber to Create a Real Sharing Economy
- Lire l’article sur LeMonde.fr : Uber, les gouvernances fantômes.
- Lire l’article sur The Information : Uber’s Top Secret “Hell” Program Exploited Lyft’s Vulnerability.
- Lire l’article sur Le New Times : The Latest Victim of Uber’s Disruption May Be Itself.