A travers nos travaux de recherche à la SCIC Les oiseaux de passage, nous développons un regard critique sur le système touristique et, en particulier, sur l’impact de la catégorie « touriste » sur l’hospitalité des personnes de passage tout comme sur les lieux et communautés d’accueil.
Nous avons traduit de l’italien et publié en open source sur la plateforme d’archives ouvertes pluridisciplinaires HAL un article critique sur la définition de « touriste ». Cet article est le résultat d’une résidence d’étude en 2020 du doctorant Prosper Wanner (Université de Paris, SCIC Les oiseaux de passage) au Centre d’Études Avancées Mobilities & Humanities (Mohu) de l’Université des Études de Padoue sous la direction de Chiara Rabbiosi : Du «droit à la ville» au «droit à la mobilité». Pistes pour une critique socio-spatiale de la définition du «touriste».
Notre hypothèse est que les définitions statistiques, réglementaires et fiscales les plus utilisées pour la définition de « touriste » agissent performativement sur les lieux, en limitant profondément l’accès à l’espace urbain à ceux qui ne tombent pas dans la définition, comme les migrants, les travailleurs saisonniers, les étudiants et toute une série d’autres identités mobiles. Le propos est illustré à partir de l’exemple particulier Venise et sa controversée « taxe de débarquement » qui devrait entrer en vigueur avec la reprise attendue du tourisme.
Dans les conclusions, nous évoquons quelques expériences d’hospitalité qui cherchent à mettre en pratique des formes d’hospitalité inclusive de différents types de mobilité. Avec la crise du Covid-10, cette tendance semble s’ancrer dans la durée au sein du secteur du voyage : accueil de travailleurs locaux, offres de télétravail, solidarité avec les étudiants, accueil social, services aux habitants, entrainant l’émergeance de nouveaux services, tarifs, modèles économiques et politiques publiques.
Les retours critiques comme les propositions sont bienvenues pour poursuivre ce questionnement qui traverse le secteur du voyage aujourd’hui.
Introduction au propos : Lors d’un séminaire qui s’est tenu à Paris sur les « non-lieux » de l’exil, il a été demandé aux participants qui collaborent à l’édition locale de Migrantour de s’identifier avec une étiquette en choisissant entre migrant, exilé ou réfugié. Une des personnes impliquées dans le projet a répondu, surprenant le public présent, préférer l’étiquette de « touriste ». C’est la formule avec laquelle elle aurait voulu être identifiée. Face à la demande d’explication, la personne en question a expliqué qu’elle aimerait se sentir autant désirée, regardée avec complaisance et respectée dans ses droits qu’un touriste.
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